Quel type d'expo ?
Le dogue allemand n'étant pas un chien de travail, il participe aux expositions de "beauté". Il y est jugé sur son aspect physique et la façon donc il se déplace lors d'un petit tour de ring au trot.

Pour résumer de façon simple (sans chipoter sur les détails), dans la plupart des expos toutes les races de chiens sont invitées à s'inscrire, mais il existe aussi des expos réservées aux dogues allemands.

En France les expos toutes races sont organisées par des sociétés canines régionales (sous l'égide de la société centrale canine). Dans une expo courante il n'y a souvent que quelques dogues engagés, toutes couleurs et classes confondues, et le juge est multi-race. Une expo "spéciale dogue allemand" (au sein d'une expo toutes races) est jugée par un spécialiste de la race, et attire en général une cinquantaine de dogues.

Les expos réservées aux dogues sont organisées par le club de race. Elles sont régionales (cinq par an environ) ou nationale (une par an) et l'ambiance y est complètement différente des expos toutes races. Ce sont en général des journées très agréables organisées dans des cadres à la dimension des dogues, où on ne se sent pas confiné. Il peut y avoir plusieurs centaines de dogues présents, et c'est toujours extraordinaire de pouvoir y participer, même en visiteur.

Quels titres ?
Parmi les expos toutes races, certaines distribuent des CACS comme suprême récompense, d'autres plus compétitives décernent les CACIB en plus des CACS. Schématiquement, un CACS est un titre français qui concerne principalement des exposants français, alors que le CACIB est un titre international (donc intéressant les exposants étrangers en plus des exposants français). Tout en haut de l'échelle des expos on trouve le championnat de France ainsi que l'EuroDog, et la compétition y est sévère, évidemment. Enfin le pinacle est le championnat du monde, qui se déroule rarement en France.

Lors des expositions du club de race, ce sont les titres de champion du club qui sont décernés, dans les différentes couleurs, pour les deux sexes, et pour différentes classes d'âge.

Pourquoi exposer ?
Les expositions ont pour but l'amélioration des races. En pratique, elles servent de vitrine aux éleveurs, qui présentent leur production et retirent une grande fierté des récompenses et titres obtenus. C'est aussi là qu'ils nouent des contacts avec les autres acteurs de la race qui les passionne, qu'ils cherchent des géniteurs pour leurs futures portées, et qu'ils évaluent les qualités des reproducteurs en regardant les portées produites par les chiens qui les intéressent.

Pour les particuliers propriétaires de chiens, il s'agit au départ d'obtenir une évaluation objective des qualités de leur chien, qui si possible confirme leur conviction intime qu'il est le champion du monde de l'an prochain... Beaucoup de propriétaires débutent en expo poussés par leur éleveur (dont c'est l'intérêt de "sortir" le plus possible sa production). D'autres débutent tous seuls, et soit tombent sur des personnes sympathiques lors de leur première expo, qui les guident un peu et leur expliquent ce qui se passe, soit sont dégoûtés à vie. Certains prennent goût à la compétition et continuent de "tourner" en expo. La participation aux expositions est en effet un loisir excitant (à condition d'accepter de faire des kilomètres…).

Pour les propriétaires de dogues allemands en particulier, les expositions peuvent devenir un havre, où ils n'ont pas besoin d'expliquer leurs raisons pour avoir introduit chez eux un animal pareil… Certains finissent par aller en expo juste pour se replonger dans le dogue à haute dose… Et échanger des histoires de dogues !

Champion ou recalé ?
Le terme de "beau sujet d'exposition" ne veut pas dire grand-chose, il décrit un ensemble de caractéristiques qui pour une même race varient dans le temps, dans l'espace, et selon les personnes. En effet bien qu'un standard international décrive précisément toutes les caractéristiques d'un excellent représentant de sa race, il suffit de comparer les champions de divers pays, et de diverses époques pour comprendre que le standard donne lieu à interprétation… Et qu'un titre de champion est une interprétation du standard parmi tant d'autres. Toute l'harmonisation des jugements du monde n'effacera jamais complètement l'aspect subjectif d'un jugement, parce qu'au delà d'une conformation correcte (correspondant au standard), la "beauté" d'un dogue restera toujours une affaire de goût et de personnalité.

Il est très important pour un propriétaire de ne pas s'arrêter à l'opinion d'une personne, juge ou éleveur, mais de rassembler un ensemble d'opinions compétentes. En faisant une synthèse d'une dizaines de slips de jugements (le petit papier où un juge d'exposition inscrit ses remarques) on aura une image assez bonne du chien en question. Se limiter à un seul jugement, qu'il soit décevant ou trop optimiste, ne permet pas de connaître la qualité d'un chien. De plus comme dans toute discipline où c'est une performance qui est jugée, le même chien dans le même état de forme peut obtenir des résultats totalement différents selon son humeur et son niveau de coopération pendant les quelques minutes que durent sa présentation devant le juge.

Quels chiens ?
Comme les expositions ont pour but l'amélioration des races, elles sont en théorie réservées aux chiens inscrits à un livre des origines (français ou étranger), c'est dire aux chiens "à papiers". En pratique, nombre de jeunes chiens n'ont pas encore leur numéro d'inscription quand ils débutent en expo, et sont donc inscrits sous la mention "numéro au livre des origines en cours".

Par extension (avec un peu de mauvaise foi quand même) il devient possible d'inscrire à une exposition un chien "sans papiers". Le chien sera jugé comme les autres, mais toute récompense obtenue ne pourra être validée, et échoira donc au chien suivant dans le classement. Sauf circonstances exceptionnelles (l'inscription à titre initial, rare et compliquée) une carrière en exposition est réservée aux chiens "à papiers".

Dans le cas des mâles, seuls les chiens ayant deux testicules en place peuvent prétendre à une carrière d'exposition, donc pas les mâles castrés. Par contre un mâle peut avoir été stérilisé par vasectomie. Pour les femelles, la stérilisation n'est pas détectable, et rien n'empêche une femelle stérilisée de participer aux expositions canines. En France le règlement des expositions proscrit la présence de femelles en chaleur (les cas de non-respect flagrant de cette règle peuvent laisser rêveur…) mais ce n'est pas le cas dans certains pays.

Passer ses week-ends en exposition ?
Le goût des expositions canines est un virus qui s'attrape facilement. On peut en guérir rapidement ou au contraire être tellement atteint qu'on ne fait plus que ça. Tout dépend de son propre niveau de compétitivité, et du plaisir que le dogue prend à être en exposition. Certains dogues ont un véritable tempérament de vedette, et crânent devant le juge de façon visible. D'autres sont traînés à contrecœur sur le ring et n'ont qu'une envie c'est d'en finir le plus vite possible…

En admettant qu'on ait un dogue qui "marche bien" en exposition, une carrière d'exposition classique est en général assez courte (un an, deux, parfois trois). Ensuite les champions n'ont plus rien à prouver. Typiquement les femelles feront une ou deux portées qui concrétiseront (ou non) tous les espoirs de l'éleveur, et les mâles feront une carrière de saillies (ou d'attente de saillie...).

Pourtant certains dogues continueront à tourner sur le circuit, accumulant les coupes et les rubans, ainsi que d'occasionnels commentaires désobligeants : "Il est encore là celui-là ?". En général le propriétaire vient en expo pour son plaisir, et présente ce qu'il a sous la main, c'est à dire le même dogue que l'année précédente ! Ces vieux routards sympathiques (dogues ET propriétaires) font partie du monde des expos, et le font vivre. Si c'est la recherche de titres ronflants qui anime l'exposant, il trouvera à la satisfaire en écumant les petites expositions où il n'y a que quelques dogues engagés, et où les juges multi-races ne sont pas chiches de récompenses… … qui comptent pour du beurre !

Le but véritable de faire faire une carrière d'exposition à un dogue est d'obtenir soit un titre de champion, soit sa cotation, c'est-à-dire son accréditation (sur une échelle à 6 points) par le club de race en tant que reproducteur de qualité. Seul les jugements de certains juges comptent pour la cotation. Il y a donc une véritable stratégie à mettre au point, en se basant sur le calendrier annuel des expositions, et en fonction des juges officiant dans les différentes expos. La qualité intrinsèque du dogue déterminera à quel barreau de l'échelle il peut aspirer, et participer à une très grand nombre d'expositions dans l'espoir de finir par "grimper" sera généralement improductif.

Pour qui sait observer et prend le temps de chercher à comprendre, les expos jouent le rôle de révélateur. Quand on est tombé en extase devant une superbe photo, il peut être très décevant de rencontrer le chien en chair et en poils. A l'opposé, un dogue à qui des photos moyennes ne font pas justice peut se révéler plein de caractère et d'une rare prestance, pour peu qu'il ait la frite ce jour-là… Les expositions permettent de rencontrer face à face des dogues intéressants du point de vue de l'élevage, et de juger (grossièrement) leur caractère, ainsi que la façon dont ils se déplacent, ce qu'aucune photo ne peut restituer.

Les expositions canines sont aussi extrêmement révélatrices dans le département humain. Par définition elles rassemblent une majorité de passionnés, et la tension de la compétition peut parfois déchaîner ces passions ! Des éleveurs ayant parcouru des centaines de kilomètres et fondé des mois (voire des années) d'espoirs sur un de leur produits accordent naturellement une importance qui peut sembler démesurée au titre mis en jeu lors de l'exposition. Au bord des rings quand la tension est à son comble, on assiste parfois à des scènes étonnantes. On peut s'émouvoir quand un très grand éleveur présente à la nationale d'élevage un tout jeune chiot, et le place sur le ring d'honneur avec toute la douceur de ses mains expertes. Ou partager l'émotion d'une jeune éleveuse qui s'effondre en sanglotant sur son chien qui vient de gagner. On encore saisir la fraction de seconde où le sourire éclatant se fêle quand un chien fait second alors que le cœur battant on le voyait déjà premier…

Les expos, ça se passe comment ?
Un peu toujours pareil, il suffit de comprendre le système pour s'y retrouver. Cependant à moins d'être guidé pas à pas par un expert, il faut s'être fourvoyé un certain nombre de fois pour commencer à maîtriser la conduite d'une saison d'expos.

Nombreux sont les amateurs de dogue allemand qui se sont essayés aux expositions canines. Assister et participer aux expos est un passage obligé pour tout amateur de la race qui a envie d'approfondir ses connaissances. Les livres et les photos de dogues sont d'excellents moyens pour acquérir les bases, mais rien ne remplace l'observation en direct de dogues sur un ring.

L'environnement du ring est artificiel, les dogues y sont stressés et souvent dans un état second, cependant il y a quelque chose de fascinant à comparer plusieurs dogues alignés devant un juge, et à essayer de deviner lesquels finiront aux premières places, et pourquoi. Très souvent le classement final des quatre meilleurs de la classe est tout ce que le public aura à se mettre sous la dent, mais il arrive que certains juges prennent la peine de commenter leur jugement, et dans ces occasions trop rares l'amateur apprend beaucoup. Si vous avez la chance de tomber sur un juge " didactique " qui prend à cœur sa mission de formation du public, n'hésitez pas à l'applaudir pour l'encourager dans cette direction !

Pour les jugements, les dogues sont regroupés par couleur de robe, et les couleurs se succèdent en général dans le même ordre pour toutes les expositions (un male fauve sera jugé en tout début de journée et se devra d'être à l'heure, alors qu'une femelle bleue devra prendre son mal en patience jusqu'en fin d'après midi). Mâles et femelles d'une même couleur sont présentés séparément (le dimorphisme sexuel étant important, c'est logique).

La carrière d'un dogue peut commencer très tôt, puisque certaines expositions du club de race ont une classe baby pour les chiots de 3 à 6 mois. Evidemment les titres acquis par un chiot de cet âge, tout en faisant le bonheur du propriétaire et de l'éleveur, ont peu de conséquence pour la carrière future du dogue.

En classe puppy (6 à 9 mois) l'éducation du futur dieu des rings commence. Il apprend à voir beaucoup de monde, à entrer dans une cage et à en sortir, à se laisser tripoter, et à ne pas avoir peur de l'atmosphère de foire qui règne autour d'un ring.

Les classes débutant (9-12 mois) et jeune (9-18 mois) sont un peu plus sérieuses. Le dogue commence à émerger, surtout les femelles, les mâles étant encore pour beaucoup au stade niquedouille… C'est l'occasion d'apprendre au dogue à se présenter, et à évoluer sur le ring pour montrer ses allures. Chez un jeune dogue correctement éduqué, tout cela ne pose pas de problème. Si l'éducation est à affiner, le comportement lors d'une exposition est un bon test. Malheureusement on voit parfois sur les rings des dogues adultes qui de manière flagrante ont reçu zéro éducation, et qui en conséquence sont un cauchemar à présenter. Ça peut faire rire, c'est surtout dangereux pour les dogues et les humains qui ont la malchance de se trouver à proximité !

Les choses sérieuses commencent avec la classe intermédiaire, de 15 à 24 mois. Le vainqueur de la classe intermédiaire est en compétition avec la classe ouverte pour les récompenses attribuées par le juge à la fin de la couleur.

La classe ouverte (à partir de 15 mois) est la classe principale de l'exposition, et en général la plus nombreuse. C'est par conséquent la plus compétitive.

La classe champion, qui se situe un peu hors compétition, est réservée aux dogues déjà titulaire d'un titre de champion. Elle est en général peu nombreuse, c'est surtout une vitrine pour montrer de très beaux dogues. Il arrive qu'on voie des champions engagés en classe ouverte, essayant ainsi de barrer provisoirement la route à la relève (qui finira par percer malgré tout…).

Enfin il y a la classe vétéran (à partir de 8 ans), qui pour les amoureux des dogues est souvent une classe "émotion", où l'on peut voir les dogues d'hier qui tiennent encore le coup. Ils représentent l'espoir d'une meilleure longévité, et symbolisent le bonheur fragile d'avoir un chien qui vieillit vite, et disparaît trop souvent avant son heure. Une place de choix est souvent réservée aux vétérans dans les expositions du club, et c'est toujours un plaisir de les regarder évoluer avec fierté aux côtés de leurs propriétaires et éleveurs.