Qu'est-ce que la Radio des Hanches et qui Concerne-t-elle ?

Si un chien arrive en consultation avec un problème locomoteur du train arrière, le vétérinaire pourra faire une radiographie de ses hanches. Mais ce n'est pas ce dont il s'agit ici.

Le type de radiographie dont il est question dans ce texte est un moyen de dépistage d'une anomalie du squelette qui peut avoir des conséquences pour le dogue et pour sa descendance éventuelle. Cette radiographie est généralement pratiquée sur des dogues en bonne santé, inscrits à un livre des origines, à qui il est question de faire faire une carrière de reproducteur.

Pourquoi donc vouloir radiographier les hanches? Parce que le dogue allemand, comme un certain nombres d'autres grandes races, est sujet à la dysplasie de la hanche.

La Dysplasie

La dysplasie coxo-fémorale est un problème de développement du squelette, dont le résultat est une instabilité de l'articulation coxo-fémorale (autrement dit, la hanche). La dysplasie est une maladie compliquée, dont les causes sont en partie génétiques, et en partie extérieures. En clair, un dogue dysplasique a hérité de ses parents une partie des causes de sa dysplasie (un tiers selon certains, plus de la moitié selon d'autres), les autres causes étant liées à ses conditions de vie durant la croissance, ce qui inclut la nourriture (qualité et quantité) avec les éventuels suppléments "sauvages" en minéraux, l'activité physique, et les évènements de la vie (chocs, accidents petits ou grands).

Pour encore compliquer les choses, dysplasie des hanches ne veut pas forcément dire handicap. Si les symptômes de la dysplasie sont des boiteries, des douleurs de l'arrière train et des difficultés de déplacement, la gravité des symptômes n'est pas forcément liée à la gravité de l'anomalie de la hanche décelée par radiographie. Un dogue dont les radios annoncent des hanches largement touchées par la dysplasie n'en souffrira pas forcément. De même un dogue avec de graves difficultés de locomotion pourra avoir sur les radiographies des hanches relativement peu touchées par la dysplasie.

La dysplasie des hanches favorise les problèmes locomoteurs, mais il y aura toujours les cas exceptionnels...

Les Stades de Dysplasie

Suivant l'importance de la dysplasie détectée par radiographie, les dogues sont classés selon le stade de la dysplasie qui atteint chaque hanche. Un hanche sans trace de dysplasie (indemne) sera classée "A". Une hanche presque normale sera classée "B", une hanche légèrement atteinte sera classée "C", et ainsi de suite jusqu'à "E". La classification d'un dogue sera donc "A/A" s'il a des radios parfaites pour les deux hanches, ou par exemple "B/C" si l'une de ses hanches est plus atteinte que l'autre. C'est la hanche la plus atteinte qui détermine le stade de dysplasie officiellement retenu pour le chien, donc un chien "A/B" sera "B". Un chien "B" pourra être "A/B" ou "B/B". Le stade de dysplasie d'un dogue est parfois noté au livre des origines, auquel cas cette mention apparaît sur le certificat d'origine de ses descendants.

Pourquoi Faire Radiographier les Hanches de son Dogue ?

Si on exclut les querelles juridiques entre éleveur et acheteur procéduriers, où la bagarre tourne autour du remboursement de l'achat d'un chiot qui s'est révélé dysplasique (vice rédhibitoire lors d'une action en garantie de vice caché), il y a deux raisons principales pour vouloir faire radiographier les hanches de son dogue : la grille de cotation et la reproduction.

La motivation immédiate des propriétaires de dogues qui s'intéressent aux expositions est de permettre à leur vedette d'accéder à la grille de cotation du club de race. En effet la cotation d'un dogue au delà de la simple confirmation exige que ses hanches soient radiographiées. Le but est de connaître l'état du cheptel français quant à la dysplasie des hanches, et surtout de pouvoir suivre son évolution suite à la mise en place quasi-systématique de la radio des hanches (qui est encore récente pour le dogue).

Le club de race encourage vivement les éleveurs à ne faire reproduire que des dogues dont les hanches sont en bon état, l'idée étant d'arriver à améliorer l'état des hanches de toute la population de dogues (du moins la population inscrite à un livre des origines). Du fait de la multiplicité des causes de la dysplasie, il serait irréaliste de vouloir l'éradiquer, cependant l'exemple d'autres races touchées par ce problème montre qu'en favorisant des hanches saines en reproduction, on obtient dans le temps une nette amélioration sur tout le cheptel. En éliminant de surcroît les pratiques de distribuer des suppléments minéraux n'importe comment pendant la croissance, et en éduquant les acheteurs sur les conditions de vie et la qualité de la nourriture, cette politique devrait amener des résultats positifs rapides (quelques générations de dogues, soit par exemple 15 ans).

Si la radio des hanches est d'une grande importance pour les reproducteurs mâles et femelles, a-t-elle un intérêt quelconque pour le chien de maison (qui peut accessoirement être chien d'expo)? Elle ne guérit rien, elle permet juste de constater l'état des hanches du dogue, et cet état n'est d'ailleurs pas forcément lié à la qualité de ses déplacements.

Dépister une maladie héréditaire (même partiellement, comme dans le cas présent) sert avant tout à essayer de la contrôler, par sélection des reproducteurs. Or la génétique repose en général sur des études statistiques. Pour que des statistiques aient une signification, il faut disposer de données les plus complètes possible. Vouloir éloigner de la reproduction les individus atteints c'est une première approche très positive. Cependant un porteur sain peut continuer à transmettre à sa descendance un génome à problèmes. Donc pour l'avenir de la race il serait intéressant que le plus grand nombre des dogues issus d'élevage soient radiographiés, qu'ils soient reproducteurs ou dogues de maison (qui sont les frères et soeurs des futurs reproducteurs restés à l'élevage). Ainsi au fil des générations on pourrait commencer à avoir des données sur l'ensemble des portées, et pas juste sur les rares dogues appelés à reproduire.

Comment s'y prendre ?

Le programme de dépistage de la dysplasie des hanches a été mis en place par le club de race, et il est réservé à ses adhérents. Les radios sont réalisées par un vétérinaire au choix du propriétaire du dogue, et le club expédie les radios pour lecture à un expert, le même pour tout le monde.

La "lecture" des radios consiste (sur un cliché de bonne qualité et pour lequel la position du dogue était correcte) à mesurer des angles et des distances pour évaluer la qualité de l'assise de la tête du fémur dans le cotyle du bassin. Comme toutes les articulations, les deux pièces sont tenues ensemble par des ligaments. Il est important pour les femelles de s'arranger pour faire la radio le plus loin possible des périodes de chaleurs. Pour des raisons hormonales, les ligaments se distendent légèrement au moment des chaleurs, ce qui peut modifier l'aspect de l'articulation coxo-fémorale. Pour la même raison, les courses folles dans la forêt sont à éviter aux alentours des chaleurs, la moindre chute dans un trou du sol pouvant se solder par une entorse.

Une fois la décision prise de faire radiographier les hanches de son dogue, le problème du choix du vétérinaire se pose. Ce choix est très important ! En effet la qualité de la radio conditionne pour une bonne partie le résultat de lecture. Une radio de mauvaise qualité (quant à la position du dogue en particulier) rend la lecture impossible, et vous imposera de devoir tout recommencer. Une radio mal faite peut aussi faire poser sur votre dogue un diagnostic de dysplasie injustifié. Autant mettre toutes les chances de votre côté la première fois!

Tout vétérinaire est capable de faire une radio des hanches de votre dogue, et votre vétérinaire si vous lui en parlez vous proposera de le faire. Il peut cependant être plus judicieux de choisir un vétérinaire qui a l'habitude de faire des radios de dépistage de la dysplasie sur des dogues. En effet, de part la taille du dogue il faut un personnel entraîné et un matériel adapté pour produire une bonne radio. Un vétérinaire qui a l'habitude saura regarder les radios qu'il a prises et vous dire avec une marge d'erreur faible si la radio est lisible. Vous partez donc avec un avantage certain !

La question la plus cruciale pour le dogue est de savoir si la radio sera faite avec ou sans anesthésie. Une anesthésie même légère n'est jamais anodine, et pouvoir s'en passer c'est diminuer les risques encourus (choc, torsion, etc.).

Il s'agit donc pour vous de trouver la perle vétérinaire rare, capable de vous faire une radio lisible en faisant prendre un minimum de risque à votre dogue, et si possible à moins de 700 km de chez vous... Il y en a plusieurs en France. Les personnes les plus à même de vous conseiller dans votre recherche seront sans doute ceux entre les mains de qui passent les bonnes radios comme les mauvaises...

Dans la mesure du possible, on privilégiera les radios sans anesthésie. Si c'est impossible à cause du comportement du dogue, il pourra être tranquillisé. Si ça ne suffit pas, il faudra se résoudre à l'anesthésie. La radio (et le certificat du vétérinaire l'accompagnant) devront mentionner tous les détails de la prise de vue et identifier très clairement le dogue.

Pour positionner un dogue correctement (le dos sur la table et les membres postérieurs en extension quasi totale, avec rotation des rotules vers l'intérieur) il faut être trois. Le dogue se laisse "à peu près" faire, ou alors ne coopère pas du tout. Chaque cliché est suivi d'une période d'attente (pour le développement), qui quand on est en chambre noire au corps à corps avec un dogue inquiet peut sembler une éternité! Essayez de susurrer "parallélisme" à l'oreille d'un dogue qui gigote dans tous les sens et en a plus que marre de faire de la bronzette sous les rayons X... Un vétérinaire compétent refera le cliché jusqu'à ce qu'il/elle en obtienne un bon. Parfois c'est impeccable au premier, parfois les rotules ne sont pas en place malgré les efforts et la meilleure volonté de tous (baveux y compris...). Dans ce cas-là on recommence X fois jusqu'au BON cliché, pas flou ni rien... Prévoir la matinée... Et un change de vêtements!

Le programme de dépistage de la dysplasie mis en place en France fait grogner, il peut sembler "lourd". Il est intéressant de savoir qui si en France nous recherchons UNE tare héréditaire quasi systématiquement pour l'instant, ailleurs la reproduction du dogue passe par la détection d'une liste impressionnante d'affections génétiques. Quelques exemples: la dysplasie des coudes (similaire à celle des hanches), la cardiomyopathie dilatée (dont le suivi est embryonnaire en France), la certification des yeux (regroupant cataracte, malformation de la rétine, diverses malformations des paupières, etc.), l'hypothyroïdie.


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